Marinaleda, les insoumis d’Andalousie

 

Lors des rencontres citoyennes de Liège et de Malmedy, les participants ont évoqué le cas de Marinaleda, petit village Andalous qui apparaît comme un modèle, une « oasis collaborative dans un monde néolibéral », une « utopie anti-crise », une « enclave anticapitaliste »…

Un modèle à appliquer chez nous ?

marinaleda

Contexte : la situation du foncier espagnol

Plus de 60 % des terres – les plus riches, les plus fertiles – appartiennent à de puissantes familles, qui spéculent avec ces terres, préférant les laisser à l’abandon et ainsi recevoir des subventions européennes et des aides agricoles. La pression sur les terres est importante : 20.000 hectares de terres ont été mises en vente aux enchères par le gouvernement andalous pour renflouer ses caisses. Seules de grandes entreprises européennes ou des aristocrates ont les moyens de les acquérir. La moitié des terres a été vendue à des propriétaires discrets, le nom des acquéreurs n’est pas connu… et depuis lors, ils n’auraient embauché personne, préférant spéculer plutôt qu’exploiter.

L’Andalousie est une région touristique et agricole ayant subi de plein fouet l’explosion de la bulle immobilière, elle est la plus frappée par la crise, avec un taux de chômage de 34 % et même de 63 % chez les jeunes de moins de 25 ans.« En Andalousie, 50 % des terres sont détenues par 2 % des propriétaires ».

Historique de Marinaleda

Extrait de l’Article publié sur bastamag.

Dans les années 1970, Marinaleda, dans la province de Séville, en Espagne, était un village en ruine, dont la population majoritairement au chômage devait vivre dans des conditions particulièrement difficiles. À la fin de la dictature de Franco en 1975, ses habitants commencent à se réunir pour débattre des conditions de vie dans le village et des injustices sociales auxquelles ils sont confrontés, comme l’ensemble des journaliers d’Andalousie. Afin de donner plus d’ampleur et de reconnaissance à leur regroupement social, ils créent alors le Syndicat des ouvriers agricoles (SOC). Leur première revendication cible un problème récurrent dans la région : la structure de la propriété privée agricole caractérisée par les latifundiums, de grandes exploitations.

En dépit de l’important apport économique qu’elles génèrent pour la Junta de Andalucía (le gouvernement andalou), leur mode de culture des terres, très mécanisé, ne permet pas de créer d’emplois dans le secteur agricole. Pour les Marinalediens, la terre doit appartenir à ceux qui la travaillent. Ils décident alors, dès le début des années 80, d’occuper une exploitation agricole de 1 200 hectares nommée el Humoso, appartenant au Duc de l’Infantado, grand propriétaire de 17 000 ha au total. Les Marinalediens occuperont el Humoso pendant presque dix années, au cours desquelles ils mènent en parallèle de nombreuses actions symboliques, telles qu’une grève de la faim contre la faim en 1980, à laquelle participeront sept cents villageois pendant treize jours, de nombreuses manifestations à Séville et à Madrid et diverses occupations, dont la Banque Espagnole, l’aéroport de Séville et l’Exposition universelle de 1991. Cette même année, le gouvernement andalou exproprie et rachète les 1 200 ha du domaine du Duc, pour les donner au village de Marinaleda, qui en fait une parcelle agricole collective.

Le fonctionnement de Marinaleda : collectif et solidaire

Le modèle Marinaleda repose sur le principe suivant :

 La terre appartient à ceux qui la cultivent, l’industrie à ceux qui la font fonctionner et le logement à ceux qui le construisent.

Le village compte 2.700 habitants. Il est géré de manière collective : ce sont les habitants qui décident lors d’assemblées du fonctionnement du village. Ils ont créé des unités de transformation des produits alimentaires cultivés : olives, artichauts, poivrons… qui sont gérées en coopératives. Le taux de chômage est faible : le travail est divisé de manière à ce que chacun puisse avoir un emploi. Tout le monde est payé de la même manière.

Le coût de la vie est faible : 15 euros de loyer par mois pour rembourser une maison sur une durée de 90 ans environ. Le salaire moyen est d’une quarantaine d’euros par jour. Ici, tout le monde mange à sa faim et possède un logement décent. Les maisons sont souvent autoconstruites. Lorsque des subsides sont nécessaires, une demande est envoyée au politique. En cas de réponse défavorable, les habitants de Marinaleda montent manifester pour mettre la pression. Selon les habitants : « Nous avons conquis ce que nous avons ».

Pour en savoir plus, voir les références en fin de cet article.

Des actions illégales mais légitimes ?

Marinaleda n’est pas le seul exemple de collectivisme en Espagne. En effet, la pauvreté a augmenté notamment suite à la crise économique. Des occupations et expropriations de supermarchés ont lieu pour nourrir les plus démunis. Selon un article : « Beaucoup d’habitants ont participé à la récente opération « d’expropriation » de produits alimentaires de bas dans deux supermarchés, pour les confier à des ONG, aux pauvres. Une action conduite par Sanchez Gordillo, qui a déchaîné, dans un étrange consensus, la haine politique et médiatique contre ses auteurs, poursuivis devant la justice. Une action « illégale, mais légitime ». Pour les Marinalédiens, c’est la pauvreté qui est hors-la-loi. Chacun doit avoir le droit de manger tous les jours à sa faim. Si non, la liberté ne vaut rien ».

Marinaleda, un système à reproduire en Région wallonne ?

Peut-on, faire un parallèle entre la situation en Andalousie et la nôtre ?

Le mode de gestion collectif du village de Marinaleda, la solidarité entre habitants sont une alternative intéressante par rapport au système capitaliste actuel. Ce mode de fonctionnement pourrait être envisagé de manière volontaire dans nos régions.

Concernant l’accès à la terre, thème de nos rencontres, il faut cependant noter des différences importantes entre le contexte andalous et wallon : les terres agricoles wallonnes sont cultivées, les terres « abandonnées » sont pour ainsi dire inexistantes. S’il est injuste de laisser sans terre, mourir de faim dans la pauvreté, des ouvriers agricoles alors que les terres ne sont pas cultivées, la situation n’est pas similaire chez nous. « Conquérir » des terres « par la force », par l’ « insoumission », par le « chantage », par la « pression » en Wallonie, est-ce dès lors justifié ?

Le débat est ouvert…!

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Pour en savoir plus sur Marinaleda :


 

 

Une réponse sur « Marinaleda, les insoumis d’Andalousie »

  1. je suis petit agriculteur !! j’ai du acheter les terres que l’on me vendait ( pour garder mon outil de travail ) , pour les payer et payer mes autres investissements je dois travailler +85 heures par semaine !! je suis agriculteur depuis 31 ans et j’ai eu au total 15 jours de vacances !!
    si c’est pour m’exproprier et me payer le peu d’argent que la région voudra donner ( bien en dessous du prix du marche ) vu les déficits !!
    j’aurais mieux fait de me jamais etre fermier , j’aurais travailler comme un esclave ,(85 heures /semaine )
    detruit ma sante, travail lourd et penible , pension tres basse !!
    et en finale me faire spolier les fruits de mon travail ( terres ) !!
    pour la bonne conscience d’une societe qui en partie, nous taxe de pollueur et de gèneur !!
    l’agriculture familial a rendu de grand service a la société , puisse celle-ci ne pas avoir l’ingratitude de s’approprier le fruits du travail des anciens , sous le prétexte de l’accès des terres aux jeunes !!
    le vrais probleme c’est les prix des productions agricole , qui n’ont pas ou très peu évoluer en 30 ans !!
    eric

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