La Ferme de Stée : un virage à 180 degrés vers l’autonomie et la diversification

Marie-Claire et son fils Cyril nous ont accueillis ce dimanche 12 juin dans leur ferme non loin de Ciney.

DSC_0007.JPG

Depuis la fin des années soixante, la ferme comprenait un élevage intensif de vaches laitières Holstein et de vaches allaitantes de race Blanc Bleu Belge. Début des années 2000, ce sont des Blondes d’Aquitaine qui remplacent les Blanc Bleu. Les Holstein étaient alors la fierté de la famille : une centaine de vaches laitières étaient traites trois fois par jour et faisaient l’objet de concours. Néanmoins, les quatre-vingt hectares ne suffisaient pas pour produire l’alimentation des 350 bovins élevés sur la ferme, ce qui induisait une dépendance envers les fournisseurs d’aliments. La crise de 2009 a plongé la ferme dans l’abîme. Il fallait réagir.

DSC_0062

Reprendre son métier en mains, se diversifier, maîtriser sa filière, tel était le choix qui a révolutionné entièrement la ferme. Aujourd’hui, la ferme compte une quarantaine de vaches laitières en monotraite. Les Holstein ont été croisées avec des races présentant davantage de mixité et de rusticité : la Montbéliarde et la Simmental. Le lait est plus concentré, plus riche ce qui est parfait pour la transformation. Plus une goutte de ce précieux lait ne quitte d’ailleurs la ferme : on fabrique des fromages, de la maquée, des yaourts, des crèmes glacées et du beurre. D’ailleurs, un troupeau de chèvres et de brebis laitières s’est ajouté aux élevages de la ferme, permettant de varier les plaisirs, de diversifier encore les productions. La fromagerie a représenté un investissement d’environ 50.000 euros pour l’aménagement du local et l’achat de matériel d’occasion. Neuve, elle en aurait coûté environ 100.000.

La ferme a diversifié ses productions. Des porcs de race Duroc valorisent le petit lait et mangent des céréales produites sur la ferme. Environ 25 sont tués par an pour être vendus sous forme de colis ou de préparations sous vide. L’offre en viande est d’ailleurs complétée avec de l’agneau issu d’un élevage d’une vingtaine de brebis allaitantes, du chevreau, des poulets de chair, du lapin et des bovins. La ferme collabore donc avec un boucher. Même la laine des moutons est valorisée via la Filature du Hibou. Rien ne se perd, tout est valorisé à la ferme de Stée !

Les élevages sont nourris exclusivement avec les fourrages et céréales produits sur la ferme. 45 hectares de prairies permanentes se trouvent sur des terrains en pente présentant des affleurements rocheux et accueillent les troupeaux. Le reste se trouve en rotation entre des prairies temporaires et des céréales. Ces dernières comptent chaque année pour dix hectares et sont constituées d’orge-vesce, de froment-avoine-vesce et de triticale-avoine-vesce. C’est souvent le pois qui est associé aux céréales dans les mélanges utilisés en agriculture biologique. Cyril a choisi de le remplacer par la vesce, autre légumineuse qui semble moins attirer les sangliers et qui se développe à l’état sauvage tout autour de la ferme, signe de sa bonne adéquation au sol et au climat. Les céréales sont aplaties pour nourrir les chèvres, brebis et vaches, et moulues pour les porcs. Aucun minéral n’est fourni en complément de la ration. En bref, la ferme est autonome à 100 % dans l’alimentation de ses animaux.

Dans la foulée de cette profonde mutation, la ferme est passée en bio en 2012. Aujourd’hui, la ferme de Stée fournit de l’emploi à sept personnes et offre au citoyen local un éventail de produits alimentaires de première qualité. Si sa localisation isolée n’est pas propice à la vente directe, le magasin écoule néanmoins 20 % de la production. Le reste est acheminé vers le consommateur via des groupements d’achats communs notamment à Bruxelles, Agricovert, la Ruche qui dit oui et des restaurants. Le beurre est également utilisé par les boulangers bio tels que la Boulangerie Legrand, Agribio, La mie et le copain.

Après un virage à 180 degrés, Marie-Claire est heureuse et épanouie. Elle se sent plus que jamais agricultrice, valorisée par la qualité de ce qu’elle produit, autonome et fière d’avoir réussi à reprendre en mains son avenir et celui de sa famille.


 

Une réponse sur « La Ferme de Stée : un virage à 180 degrés vers l’autonomie et la diversification »

  1. C’est la meilleure des initiative que l’on peut faire pour respecter la vie naturelle telle que nous avons l’obligation d’en léguer aux futures générations. Bon courage et bonne vulgarisation à travers le monde.

Qu'en pensez-vous ?

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s