« Echangeons sur notre agriculture », c’est aussi une représentation des consommateurs au sein de différentes assemblées. Dans le cadre de nos activités dans le groupe de travail législation bio, auprès des principaux acteurs du secteur bio, nous avons été interpellés par l’évolution du règlement bio européen, actuellement en cours de révision. Si le règlement est adopté, à la question « Y a-t-il des pesticides dans les produits bio ? », nous ne pourrons plus répondre « Non ! ». Explications…
Si l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse est un non-sens en bio, et est formellement interdite, il arrive néanmoins que des contaminations accidentelles touchent les produits biologiques (contamination lors du stockage, par des dérives de pulvérisation,…). En Wallonie, une haute fréquence de contrôle permet de détecter ces rares cas, et, en cas de pollution, le produit perd automatiquement le label biologique. Cette politique stricte accompagne le développement du secteur depuis plus de dix ans. Loin d’en freiner le développement, elle apporte une garantie au consommateur d’un produit bio zéro-pesticides.
Dans un souci d’une meilleure harmonisation des pratiques au niveau européen, le projet de règlement prévoit la mise en place d’une décertification des produits biologiques dans lesquels la présence de pesticides a été mise en évidence au-delà d’un certain seuil. Les produits présentant une contamination de pesticides inférieure à ce seuil garderaient alors le label bio. Il s’agit donc de tolérer un certain niveau de présence de pesticides dans les produits biologiques !
Le texte prévoit que la définition du seuil de décertification se fera au moyen d’actes délégués. Cette procédure est surprenante car elle vise habituellement « à compléter ou à modifier certains éléments non essentiels de l’acte législatif ». La Commission Européenne aura donc plein pouvoir sur ce paramètre crucial pour l’avenir du secteur !
Différents acteurs européens mettent en avant que la décertification d’une production bio pour cause de contamination entraîne des pertes financières pour les producteurs. Ils prônent dès lors un seuil de décertification proche des concentrations de pesticides admises en agriculture conventionnelle, ou simplement, l’absence de seuil. Mais ne nous leurrons pas, l’enjeu essentiel de cette proposition n’est pas de protéger l’agriculteur, mais bien de favoriser le marché mondial, l’importation de matières premières à bas prix issus de pays tiers au bénéfice des industries de transformation.
Pour Nature & Progrès, il est hors de question de faire reculer l’agriculture biologique wallonne en tolérant la présence de pesticides dans les produits proposés aux consommateurs sous le label bio. Cette tolérance n’aurait aucun sens et serait un véritable bond en arrière ! L’association revendique dès lors que le seuil de tolérance aux pesticides soit aligné à la norme wallonne, la plus stricte en la matière car elle ne tolère pas de résidus de pesticides dans les produits bio. La définition du seuil ne peut en aucun cas être déléguée à la Commission européenne étant donné les enjeux qu’elle représente pour l’avenir du secteur.
- Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter le dossier qui a été élaboré sur ce sujet.
- Un communiqué de presse a été diffusé et est actuellement relayé par de nombreux médias. Une compilation des articles et interviews se trouve sur cette page.
Bonjour, merci pour votre commentaire. Malheureusement, il ne sera pas possible d’être plus stricts que l’Europe cette fois-ci. Sauf avec l’utilisation de labels privés.
Bien à vous.
Si l’on tolère cela ce sera la porte ouverte à toute excuse pour sciemment réutiliser ces pesticides et détourner ainsi la législation. Plus d’intérêt dès lors à favoriser la Bio , un pas en arrière très mal venu.
Tenez bon , on peut toujours être plus sévère que la législation européenne.