Visite de l’abattoir communal de Virton
Nous avons été accueillis par Monsieur Chalon, Deuxième Echevin de la ville de Virton.
L’abattoir de Virton existe au même emplacement depuis 1967. Lors de l’imposition de nouvelles normes sanitaires en 2010, la ville de Virton a décidé d’entamer la rénovation complète de l’abattoir, avec un investissement de 1,6 millions d’euros pour la reconstruction qui a duré de 2010 à 2012. Outre la mobilisation de fonds propres, une intervention publique a été sollicitée, ainsi qu’une aide des 20 communes avoisinantes d’où provenaient les animaux abattus avant la rénovation. Six communes ont participé au financement de l’abattoir, et reçoivent en échange une réduction du tarif d’abattage pour leurs éleveurs.
L’abattoir est surtout vu comme un service aux agriculteurs de la région. Il a été complété par un atelier de découpe indépendant : Albert Pierrard, l’abatteur attitré de l’abattoir, a investi 200.000 euros dans la construction de son atelier de découpe (Maison Pierrard) adjacent à l’abattoir. Il est payé par la ville de Virton pour le service d’abattage, et propose indépendamment ses services pour la découpe des carcasses.
L’abattoir est certifié bio et agréé pour les bovins, ovins, caprins et porcs. Il accepte toutes les quantités de bêtes, même de petits lots. Ses tarifs sont similaires à ceux proposés par l’abattoir de Bastogne, à 60 km de là : 157 euros pour les bovins (+ 35 euros pour le retrait de la colonne des bêtes de plus de 30 mois), 70 euros pour les veaux, 23 euros pour les porcs et 18,5 euros pour les agneaux.
Le gros challenge actuel des gérants de l’abattoir est d’augmenter sa clientèle : récupérer les éleveurs locaux qui se sont redirigés vers Bastogne lors de la construction de l’abattoir, proposer les services aux éleveurs des communes avoisinantes dans un rayon de 25 – 30 kilomètres, et enfin, se tourner vers les éleveurs français. Dans ce but, l’abattoir de Virton est devenu un projet pilote dans le cadre d’une simplification des procédures pour l‘abattage transfrontalier. Enfin, Mr Chalon souhaite également procéder à des travaux afin de rendre possible l’abattage Halal au sein de l’abattoir, type d’abattage fortement demandé par la communauté musulmane de la région. L’abattoir met en avant la qualité de son service et est sensible au bien-être animal, et mène une réflexion sur la méthode de mise à mort de l’animal.
Les abattages ont lieu les lundis et les jeudis. En moyenne, une dizaine de bovins, une vingtaine de porcs et une quinzaine d’ovins sont abattus par semaine. Ces nombres varient fortement au cours de la saison. Une augmentation des abattages permettrait de rentabiliser certains frais qui sont peu dépendants du nombre de bêtes abattues, tels que l’infrastructure, les frais de contrôle AFSCA, la facture énergie, etc.
Nous avons visité, hors état de fonctionnement, la ligne porcs / ovins et la ligne bovins. Pour les porcs, ils sont étourdis grâce à une pince (choc électrique), puis suspendu sur le rail, dirigés vers l’endroit de la saignée, puis vers l’échaudeuse-épileuse (66°C). L’épilation est finalisée au chalumeau. Les viscères sont retirés, la carcasse est fendue au hachoir puis a lieu la pesée et le stockage en chambre froide. Pour le mouton, la même ligne est utilisée, outre le passage à l’échaudeuse qui n’est pas nécessaire étant donné que la peau entière est enlevée manuellement après la saignée. Pour les bovins, ils sont étourdis grâce au pistolet étourdisseur puis suspendus et saignés. Les pattes sont coupées, la peau est enlevée et la carcasse est éviscérée et fendue en deux à la scie électrique. La carcasse est pesée puis passe 24h dans un frigo à refroidissement rapide avant d’être stockée en chambre froide. Les éleveurs ou particuliers peuvent récupérer leur carcasse, tandis que celles destinées à la découpe sont emmenées à l’atelier adjacent via un couloir commun.
Photos : ligne des porcs et des ovins-caprins

Porcs et ovins sont étourdis à l’aide d’une pince provoquant un choc électrique au niveau de la tête.

Les porcs sont mis dans l’échaudeuse épileuse qui enlève les poils. La finition est réalisée au chalumeau.

Les bovins étourdis glissent au sol et sont suspendus à une patte pour la saignée et le reste des opérations.
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Visite de la Ferme Les Bleuets – Benoit Thiry
Lors de la reprise de la ferme, initialement en élevage bovin, en 2000, Benoit Thiry et son épouse Fabienne ont décidé de se consacrer à l’élevage de poules pondeuses en bio. Ils sont passés par un groupement d’éleveurs au Luxembourg et ont peu à peu développé la vente directe en construisant un magasin à la ferme. Le magasin propose également une série de produits bio, de préférence locaux. La ferme des Bleuets est rentrée dans le « Réseau Solidairement » dont le but est de promouvoir et proposer au consommateur des produits locaux, artisanaux et de saison. Après une tentative de diversification en maraîchage, mais qui prenait beaucoup de temps, la ferme a développé l’élevage d’ovins et propose actuellement ses premiers colis de viande. Enfin, la valorisation de la laine leur tient également à cœur.
La ferme compte un élevage de 900 et 700 poules pondeuses, dans deux bâtiments distincts. Des coqs sont élevés avec les poules, ce qui n’est pas courant ! Benoit nous explique qu’ils calment les poules et interviennent en cas d’attaques de prédateurs. Loin de vouloir agrandir son élevage, Benoit en réduit petit à petit l’effectif, constatant par ailleurs que la réduction de la densité des poules a une influence importante sur leur santé. Les maladies deviennent vraiment rares dans l’élevage. Les poules sont gardées de 13 à 15 mois, puis réformées. Une partie est vendue aux particuliers qui souhaitent regarnir leur poulailler, tandis que l’abattoir de Bertrix, Ardenne Volailles, se charge de venir chercher l’effectif restant. Elles sont alors abattues et directement congelées, puis acheminées chez un grossiste du Luxembourg qui les garde le temps de l’écoulement vers le consommateur pour une faible location.
L’élevage des ovins a commencé avec quelques roux ardennais, et a été complété avec des Hampshire. Il compte actuellement 40 à 50 brebis. La laine est valorisée pour la fabrication d’isolants, mais des inquiétudes sont présentes quant à la poursuite de l’activité de valorisation étant donné la fin des subsides qui avaient été octroyés à la filière. Les ovins sont abattus à Virton, découpés par le Maison Pierrard et vendus en colis. Un premier essai avec la confection de merguez a confirmé la qualité du travail fourni et a rencontré beaucoup de succès. Un deuxième lot d’agneaux a été emmené lundi dernier à l’abattoir et les colis seront récupérés demain par Benoit.
Benoit souligne donc la bonne expérience qu’il a eue avec l’abattoir de Virton et l’atelier de découpe Pierrard. Il est important que d’autres éleveurs se dirigent vers l’abattoir afin de soutenir son activité et lui permettre d’atteindre la rentabilité nécessaire à sa pérennité.