Visite de l’abattoir de Charleroi
Nous avons été reçus par Monsieur Louis, directeur de l’abattoir, qui nous a fait la visite de la société. L’abattoir de Charleroi date des années 1950’. Au début des années 1980’, suite à la faillite du principal chevilleur et au renforcement des normes sanitaires, l’abattoir s’est retrouvé en difficulté. Il a été repris en 1985 par Roger De Cock qui en est encore aujourd’hui l’exploitant. L’abattoir a été mis aux normes et complété par des ateliers de découpe. Actuellement, l’abattoir est agréé pour les bovins, ovins, caprins, chevaux et porcs, et certifié bio.
L’abattoir de Charleroi est un « petit » abattoir avec environ 100 bovins, 15 veaux et chevaux, 300 porcs et 30 ovins abattus par semaine. Il ne prétend pas concurrencer les gros abattoirs, mais mise sur une qualité différenciée. Les porcs sont anesthésiés au CO2, fendus à la hache (ce qui réduit l’échauffement et permet de s’adapter à tous types de formats). Chacun peut venir avec un nombre, même faible, d’animaux, de formats variables, depuis le porcelet de 10 kg jusqu’à la truie de 200 kg. Dans les abattoirs industriels où tout est automatisé, les animaux doivent avoir une taille et une conformation standard. L’abattoir de Charleroi est donc ouvert à tous, et travaille pour des bouchers et grossistes recherchant la qualité. L’abattoir propose beaucoup de souplesse au niveau logistique et met tout en œuvre pour répondre aux exigences de ses clients.
L’abattoir de Charleroi travaille avec 10 employés directs (gestion, suivi, contrôle, pesage, marquage, classement, gestion des frigos, nettoyage, maintenance…), 15 abatteurs et le personnel lié aux grossistes, etc. Monsieur Louis nous fait part des difficultés à trouver du personnel compétent dans ce domaine.
L’abattoir de Charleroi est une alternative intéressante pour les éleveurs en circuit court, n’ayant que quelques bêtes à abattre, de temps en temps. Le tarif d’abattage est supérieur aux abattoirs industriels, mais la qualité est recherchée à chaque étape de l’abattage et du traitement des carcasses. Le tarif d’abattage proposé par la société est d’environ 20-25 euros pour les petits animaux, à 200 euros environ pour les bovins, en fonction de l’âge, de la destination, etc. Actuellement, l’abattoir est loin de ses limites de capacité. L’abattage réalisé les lundis et jeudis pourrait être étendu à d’autres jours de la semaine. Augmenter la clientèle permettrait également un meilleur regroupement des lots d’animaux, ce qui réduirait les coûts, notamment au niveau des frais AFSCA. Selon Monsieur Louis, l’abattoir ne présente actuellement pas de risque de fermeture imminente.
Visite de la ferme de la Sarthe – Damien Jacquemart
Après la visite de l’abattoir de Charleroi, nous avons rendu visite à Damien Jacquemart, éleveur de bovins laitiers et de quelques porcs à la ferme de la Sarthe à Mettet. Nous nous sommes intéressés à la valorisation de la viande de porcs, que Damien propose en colis ou au détail à sa clientèle.
Damien élève 25 à 30 porcs par an, qu’il abat par lots de 3 à l’abattoir de Charleroi. Il fait appel à un transporteur de l’abattoir pour amener les animaux à l’abattoir, puis un autre transporteur emmène les carcasses vers le boucher qui s’occupe de la découpe. La viande revient ensuite dans une remorque frigo à la ferme ou elle est vendue sous forme de colis sous vide.
Nous réalisons un petit bilan financier de l’opération. Les porcelets sont achetés à 75 ou 80 euros à un éleveur bio. Ils sont ensuite engraissés à l’aide de sérum issu de la fabrication du fromage à la ferme, et de céréales, environ 300 kg par bête, soit 100 euros environ de frais d’alimentation. Le transport coûte 50 euros pour les 3 cochons, l’abattage, 30 euros environ par tête, le transport vers le boucher, 25 euros par porc, puis la découpe, 400 euros environ par porc. Damien nous explique néanmoins que ce tarif est extrêmement variable ! La location de la remorque frigo coûte enfin 50 euros pour les deux jours. La viande est revendue à 9,50 euros le kilo, sachant que 80 kg de viande sont valorisés en moyenne par cochon. Globalement, chaque cochon rapporte à Damien 50 euros, ce qui est équivalent au prix proposé par PQA.
Outre les colis de viande dont la vente est très ponctuelle, au rythme des abattages, Damien propose des salaisons pour combler les périodes creuses.
Les vaches de réforme de Damien sont abattues à Ciney ou Bastogne et reprises par la coopérative GVBOB (groupement de viande biologique d’origine belge) à 3,4 ou 3,5 euros du kilo. La viande est transformée principalement en haché.
Pour Damien, pratiquement, l’abattage ne présente pas de problème étant donné la proximité directe de l’abattoir de Charleroi, et la possibilité d’y abattre, en bio, de faibles effectifs. Il y a un jour emmené une bête ! Damien regrette néanmoins de manière générale qu’on ne prenne pas plus de temps pour accompagner les animaux vers la mort. Souvent, les bêtes sont désorientées et stressées lors des manipulations. Il faudrait prendre plus de temps pour chaque animal.
Selon Damien, le principal problème se trouve au niveau de la boucherie. Il est difficile de trouver un boucher qualifié pour réaliser des préparations bio sans additifs. En conséquence, les bouchers sont débordés et ne peuvent pas toujours assurer la découpe de la viande pour les professionnels (ils sont de plus limités à 30 % de leur chiffre d’affaire en prestation de services pour les éleveurs). Certains bouchers travaillent au noir, ne proposent pas de facture et refusent l’étiquetage (difficile dès lors de respecter la traçabilité et de garder le label bio !). Le tarif appliqué par les bouchers est très variable. Il est nécessaire de renforcer la formation des bouchers et de faciliter la découpe au niveau d’ateliers. Des projets sont en cours dans ce domaine (Agricovert, hall-relais de Marloie…).
Visite de l’abattoir
Visite de la ferme de la Sarthe