L’agriculture wallonne connaît une évolution importante depuis plusieurs décennies : réduction du nombre de fermes, agrandissement des fermes, mécanisation, spécialisation de la production tournée vers l’agro-industrie, mais aussi un vieillissement de la population agricole couplée à la difficulté croissante de transmission des fermes existantes et d’installation de nouveaux projets agricoles. Quel avenir pour notre agriculture d’ici quelques années ou décennies ? L’accès à la terre est un enjeu central pour le maintien d’une agriculture wallonne à taille humaine, définie dans le code wallon de l’agriculture comme le modèle à sauvegarder.
La taille des fermes : croissante et éparse
Entre 1990 et 2012, la taille moyenne des fermes est passée de 25,8 ha à 53,7 ha, soit un doublement. Par comparaison, cette taille moyenne est de 24,5 ha en Flandre, 14,6 ha en Europe et 181,8 ha aux Etats-Unis. La taille moyenne des fermes est liée à la région agricole et à leur orientation (culture, élevage…).
Les petites fermes : un tiers des fermes sont actives sur moins de 25 hectares. On y compte beaucoup d’exploitations occasionnelles et quelques-unes hors-sol (91 ne déclarent pas de superficie !). Les grandes fermes : 1,5 % des fermes (203) ont plus de 200 hectares. Elles sont pour la plupart situées en région limoneuse ou en Condroz et orientées en grandes cultures.
Le vieillissement des actifs et les problèmes de transmission
La population des agriculteurs inquiète par son vieillissement et le faible taux de reprise des fermes par des jeunes. En effet, en 2012, 64 % des agriculteurs ont plus de 50 ans, et 17 % ont plus de 65 ans et ont donc l’âge de la retraite. Ces chiffres contrastent avec le nombre de jeunes : moins de 5 % des fermiers ont moins de 35 ans.
Seulement 21 % des agriculteurs wallons de plus de 50 ans ont un successeur présumé, 38 % sont dans l’incertitude, 41 % n’ont pas de repreneur. Ce sont les fermes les plus grandes qui sont reprises (moyenne : 71 hectares contre 54 hectares de surface moyenne pour toutes les fermes wallonnes). Le taux de remplacement (rapport entre le nombre de nouvelles fermes et le nombre d’arrêts) est d’environ 30 %.
L’agriculture familiale, à taille humaine : un modèle d’avenir !
Ce modèle agricole est soutenu par la politique agricole wallonne, comme l’indique l’article 1er du Code wallon de l’agriculture : « Pour préserver la diversité et la multifonctionnalité de son agriculture et assurer son développement durable, la Région wallonne encourage le maintien d’une agriculture familiale, rentable, pourvoyeuse d’emplois, et l’évolution vers une agriculture écologiquement intensive ».
Dans l’exposé des motifs du Code, l’importance de ce modèle est argumentée : « Le maintien d’une agriculture familiale à taille humaine est primordial. Ce modèle est le garant d’une agriculture de qualité, source d’emplois, liée à la terre et soucieuse d’un équilibre entre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux ».
L’agriculture familiale, à taille humaine, menacée
L’agriculture à taille humaine est menacée par l’évolution récente de l’agriculture wallonne : l’agrandissement des fermes se fait au détriment de l’installation de nouveaux projets, et les fermes sont de plus en plus difficiles à transmettre aux enfants ou à un autre successeur en raison de leur valeur en capital croissante. Les problèmes d’accès à la terre limitent l’installation de nouveaux projets agricoles.
L’accès à la terre est une problématique centrale et prioritaire.