Je vous propose une petite réflexion sur le coût réel de notre alimentation. Ce texte a été écrit par une bénévole active de Nature & Progrès, Joëlle Ricour. Le succès des hard-discount, des produits « moins chers » est-il logique, justifié ? Quelques éléments à réfléchir sur les « externalités négatives » de l’agriculture « chimique »…
Le « bon marché » coûte cher ! par Joëlle Ricour
Surprenant peut-être, mais bien réel : le prix de l’alimentation conventionnelle (1) ne reflète en effet aucunement les différents coûts, pas seulement financiers, qu’elle engendre et dont une grande partie devra être assumée par les générations qui nous suivent.
On peut bien sûr partir du principe égoïste « après moi, les mouches »…
Cependant, déjà maintenant, la pollution gigantesque des sols (2) et des nappes phréatiques, la perte de biodiversité, provoquées par les méthodes actuelles de production des produits alimentaires, et particulièrement par les pesticides, constituent un surcoût appelé à croître d’une manière exponentielle. Ce surcoût, nous allons le retrouver par exemple dans le coût de l’épuration de l’eau, financé par nos factures et nos impôts. Qui fait le lien entre sa facture d’eau et son alimentation ?
Les charges contre l’alimentation conventionnelle ne s’arrêtent pas là, hélas, il y a également tous les problèmes médicaux qui sont légion de nos jours, particulièrement, et c’est vraiment inquiétant, chez les enfants : les allergies en tous genres se multiplient (certaines prospectives évoquent le chiffre de 40 % de la population en 2020), l’obésité devient monnaie courante (on parle d’un enfant sur cinq) alors qu’elle est un signal d’alarme très révélateur des dysfonctionnements de l’organisme (4). Inutile aussi de revenir sur les multiples cas de cancers ou de maladies auto-immunes. Là encore, qui fait le lien entre toutes ces pathologies, coûteuses en termes de bien être, de soins de santé, et l’alimentation ?
Terminons ce -noir- tour d’horizon par l’évocation du coût social occasionné par des modes de production vraiment peu respectueux de l’être humain : ce ne sont pas les producteurs de lait qui démentiront l’absurdité du système pas plus que les immigrés clandestins travaillant dans des conditions scandaleuses à Alméria en Espagne (5)… Vous êtes d’accord de manger à ce prix-là ?
(1) Le mot « conventionnelle » est celui retenu pour désigner une agriculture qui fait appel à différents intrants, tels que les pesticides ou les engrais de synthèse issus de la pétrochimie.
(2) Il est intéressant de savoir que pour produire un kg d’engrais de synthèse, il faut 2 kg de pétrole.
(3) Plus de la moitié des céréales produites dans le monde sert à alimenter le bétail, chiffre à mettre en relation avec les populations sous-alimentées (environ un milliard de personnes, dont les trois quarts sont justement des agriculteurs.
(4) Souvent accusés : les additifs alimentaires. S’il ne vous fallait en supprimer que deux de votre alimentation, pensez à l’aspartame (E951) ainsi qu’au glutamate (E621), deux produits suspectés de nombreux effets secondaires, notamment sur le cerveau.
(5) Un film très intéressant à voir qui évoque différentes dérives de l’alimentation : « We feed the world ».