Tout traitement chimique (insecticide, fongicide ou herbicide) aura inévitablement un impact sur l’environnement. Pollution de l’air, de l’eau, des sols (y compris sa stérilisation), toxicité envers les organismes vivants dans l’ensemble de la chaine alimentaire, apparition de résistances… Le sujet est relativement bien connu et documenté. Nous vous proposons ci-dessous un court résumé de ces effets.
- Pollution de l’eau de pluie : une étude menée en France (2002) montre que la teneur moyenne en pesticides de l’eau de pluie est supérieure à la norme fixée à 0,1 microgrammes par litre pour la plupart des substances identifiées (au nombre de 19). La teneur totale en pesticides de l’eau de pluie peut monter jusque 60 microgrammes par litre. Le Code wallon de l’eau prévoit pour sa part que la valeur pour les eaux destinées à la consommation humaine ne peut dépasser 50 microgrammes par litre, chaque pesticide identifié ne pouvant dépasser 0,1 microgrammes par litre. L’eau de pluie ne respecte donc pas les normes de potabilité en matière de pesticides, dans de nombreux cas.
- Pollution des eaux de surface et souterraines (surtout avec les herbicides chimiques), intoxication des organismes aquatiques et contamination de l’eau du robinet. En Wallonie, des pesticides sont retrouvés dans les eaux de surface, dont certaines substances interdite depuis longtemps (lindane, atrazine et diuron). Dans les eaux souterraines, c’est surtout l’atrazine qui pose problème. La potabilisation de l’eau contaminée par les pesticides demande des traitements spécifiques et coûteux.
- Pollution de l’air : une étude publiée par Air Parif en 2007 montre la présence de cancérigènes, de perturbateurs endocriniens, de nombreux pesticides dans l’air de l’Ile-de-France.
- Stérilisation des sols : les pesticides détruisent les micro-organismes du sol qui sont indispensables à sa fertilité. De nombreux scientifiques parlent de la mort des sols agricoles due aux traitements par les pesticides et engrais chimiques, et à des pratiques agressives vis-à-vis du sol (labour profond…). Voir l’avis de Claude Bourguignon à ce sujet.
- Toxicité vis-à-vis des organismes vivants (touchant toute la pyramide alimentaire) : les pesticides sont un facteur majeur d’incidence sur la diversité biologique. Ils peuvent avoir des effets toxiques sur le court terme sur les organismes qui y sont directement exposés, ou des effets sur le long terme, en provoquant des changements dans l’habitat et la chaîne alimentaire. Voir le rapport de PAN Europe sur le sujet (http://www.pan-europe.info/Resources/Briefings/Pesticides_and_the_loss_of_biodiversity_FR.pdf). La toxicité pour les abeilles a été particulièrement étudiée et fait l’objet de nombreuses actions (voir communiqué de presse de Nature & Progrès : l’abeille indicateur des écosystèmes) (http://www.natpro.be/~natpro/pdf/CP/CP_conclusion_colloque_abeilles.pdf).
- L’apparition de résistances des espèces nuisibles aux pesticides, rendant le produit inefficace (en plus d’être nocif) et poussant au développement d’autres molécules, le plus souvent à toxicité accrue.
De plus, la dégradation complète des produits chimiques peut prendre beaucoup de temps, ce qui conduit à une persistance du produit chimique dans le sol et à une accumulation de produits chimiques tout au long de la chaîne alimentaire.